Analyse du lait humain : Quelle est la norme ?

Analyse du lait maternel

Savez-vous que mars est le mois national de la nutrition ? Quel moment idéal pour parler du lait humain ! Pour commencer, parlons d’énergie. Le lait humain fournit en moyenne 67 kcal/100 ml. Il ne s’agit là, cependant, que d’une moyenne ! Le lait humain peut varier et varie effectivement. Cette variabilité est souvent de peu d’importance si le nourrisson régule ses apports et grandit bien. Il en va de même pour le lait animal qui est analysé aux seins de laboratoires spécialisés afin de mieux connaître sa composition et apports nutritionnels. Pour en savoir plus sur infolabo, cliquez-ici.

 

Composition

Les lipides

Les matières grasses sont celles qui contribuent le plus à l’énergie. Initialement, le colostrum contient ~2-3 g/100mL (g/dL). Elle se normalise rapidement pour atteindre ~4 g/dL. Les matières grasses sont également les plus variables et peuvent aller de 1 à 8 g/dL. Cette variabilité peut être observée lorsque le lait est artificiellement divisé en lait antérieur (début d’expression) et lait postérieur (fin d’expression). Dans le cas du pompage, cela peut se produire lorsque l’on utilise des biberons de stockage trop petits ou en cas de surabondance, nécessitant une expression avant l’allaitement pour assouplir le sein ou après l’allaitement pour soulager la pression mammaire. La graisse peut également se séparer et adhérer aux bouteilles en plastique, aux seringues et aux tubes d’alimentation. Pour les nourrissons prématurés ou malades qui prennent un volume limité de tétées, cette variance peut entraîner d’importantes conséquences. Les nourrissons capables de réguler leur consommation peuvent généralement surmonter cette variation sans problème. Manger quand on a faim, s’arrêter quand on est rassasié ? Une alimentation intuitive !

 

Une composition variée bien conçue

Si la variabilité des graisses se produit naturellement, j’aime à penser qu’elle a une fonction et qu’un mécanisme de sécurité est en place. C’est là que la dyade d’autorégulation entre en jeu. Il est admis que le lait avant du début répond au besoin initial d’hydratation du nourrisson et que le lait de la fin répond au besoin de satiété/pleine forme du nourrisson. Entrée, plat et dessert, ça vous dit quelque chose ? Bien que ce soit amusant d’y penser, ce n’est pas aussi simple que cela. Les nourrissons ont été directement et exclusivement nourris au sein pendant des siècles avant que nous n’établissions des règles infondées pour la synchronisation de l’allaitement ou le changement de côté. Ces règles avaient pour but d’aider, mais elles ont souvent interrompu et interféré avec un processus naturel. Il ne faut pas oublier qu’une petite partie du lait supplémentaire non utilisé est conservée dans le sein. Cela constitue une réserve de nourriture pour les poussées de croissance, les urgences, etc. Si l’on considère le rapport théorique lait antérieur/lait postérieur, cette réserve supplémentaire serait du lait postérieur riche en matières grasses. Peut-être y a-t-il donc un amuse-bouche riche riche en lipides qui accompagne la soupe et qui équilibre les choses ? La variabilité des graisses est probablement minimisée pendant l’allaitement direct et exclusif ou lorsque le nourrisson peut autoréguler sa consommation.

La teneur en protéines

Puis, parlons des protéines. Le colostrum précoce contient ~2 g/dL de protéines. Dès 3-4 semaines de lactation, les protéines se normalisent pour atteindre des niveaux de lait mature de ~0,8-1,0 g/dL. Un phénomène particulier se produit après un accouchement prématuré. Plus l’enfant est né prématurément, plus le lait aura tendance à contenir des protéines pendant une longue période. On pense que cela est dû à une phase de colostrum prolongée après l’accouchement prématuré, ce qui permet aux lactocytes de rester ouverts plus longtemps et à davantage de protéines de passer dans le lait. Cela fonctionne bien, car les nourrissons les plus petits et les plus prématurés ont les plus grands besoins en protéines. Lorsque vous stockez du lait congelé, il est important d’utiliser le lait pompé avant qu’il ne soit périmé. Pour les prématurés, il est particulièrement crucial d’utiliser les premières semaines de lait riche en protéines.

 

Les glucides

Enfin, parlons des glucides. Alors que l’énergie provenant des protéines diminue, celle provenant des glucides augmente. Le colostrum précoce contient ~7 g/dL de glucides qui se normalise à ~8 g/dL dans le lait mature. Les glucides du lait maternel sont constitués de lactose et d’oligosaccharides, une structure partiellement digérée qui nourrit la flore intestinale. Le lait précoce donne à l’intestin une teneur en oligosaccharides plus élevée de ~2 g/dL qui se normalise à ~1 g/dL. Le lait mature fournit plus de lactose énergétique au fur et à mesure que l’intestin se développe, à partir de ~5 g/dL et en se normalisant à ~7 g/dL. Une grande partie de cela passera inaperçue, car les analyseurs de lait actuels ne signalent que les glucides totaux et non la quantité individuelle de lactose et d’oligosaccharide.  

 

Conclusion

Le lait humain peut varier et varie effectivement au cours d’un repas, d’une journée et des semaines/mois de lactation. La variance physiologique normale est souvent peu préoccupante si le nourrisson peut réguler son apport et se développe bien. Alors que les laboratoires analyseurs de lait humain sont de plus en plus disponibles, nous ne pouvons pas oublier de nous concentrer sur l’image globale de la dyade et de soutenir l’allaitement à long terme. Nous devons réfléchir et favoriser un dialogue continue sur le langage que nous utiliserons autour des résultats des analyses de lait humain.